Expérience africaine

Expérience africaine

1er week-end au Cameroun -12/08/08

Après notre arrivée un peu tardive au Cameroun et de celles de nos bagages, j'attendais avec impatience que se termine la semaine pour profiter de mon petit mari et de Douala. Par ailleurs, les grandes vacances avec les anges ne sont jamais de vraies vacances pour moi. Je voyais donc l'arrivée du week-end comme celle d'une bouée de sauvetage grâce à laquelle je pourrais reprendre mon souffle! Léonie la nounou du mois d'août se convertit donc en une "super nanny" me permettant de mettre en pratique mes bonnes résolutions, c'est-à-dire: être capable de conduire comme une grande et de ne pas avoir recours à un chauffeur! Pour avoir vécu cette expérience à Bucarest, je n'y tiens plus. Disons que c'est pratique quand on n'a pas le sens de l'orientation comme moi et c'est rassurant surtout si la conduite s'avère ultra difficile dans tel ou tel pays. L'inconvénient est de ne jamais se sentir libre! Alors, samedi 9 août, j'enfourchai donc mon beau 4x4 flambant neuf pour arpenter...les rues du 16e doualanien! Et bien croyez-moi, ce fut une sacrée aventure même si mes réflexes roumains sont intacts. En effet, la conduite roumaine tridimensionnelle vous oblige à être vigilant à tout instant. Telle une mouche, vous devez regarder en même temps devant, derrière, à droite, à gauche et surtout la route, sans jamais lever votre garde, afin d'éviter le pire. Je réussis donc avec brio ma première sortie dans le quartier chic de Bonapriso. J'exultai de fierté en constatant que j'avais évité tous les obstacles mis sur mon chemin : "Ben skin" (motos-taxi), taxis jaunes, piétons, vendeurs en tous genres etc. Certes, je dois avouer que concentrée sur ma conduite irréprochable, je n'ai évidemment pas pu mémoriser mon chemin. Peu importe, je triomphai et me promis de redoubler d'énergie lors de la prochaine leçon. Après les courses alimentaires à Score devenu Casino et à Leader Price (sachez que bon nombre de produits français sont présents, à des prix élevés certes mais présents ! cf.les repères!), nous découvrîmes les « boutiques » de notre quartier. Et en fin d'après-midi, Raphaël décida d'emmener toute la petite famille au "Dernier Comptoir Colonial", restaurant en bambou et toit de chaume, au bord du fleuve Wouri. Nous en profitâmes pour prendre un apéritif sur le ponton et picorer quelques frites faites avec de vraies pommes de terre ! On pouvait ainsi mieux contempler le Wouri et les pirogues des pêcheurs. On se serait cru dans « Les Caprices d'un Fleuve ». Un vrai moment de bonheur...

 

 

 

 

Quant à dimanche, comme il ne pleuvait pas encore, j'insistai auprès de Raphaël pour qu'il nous fasse découvrir la plage volcanique de Limbé. Principale ville de la partie anglophone du Cameroun, Limbé se trouve au Nord-Ouest de Douala. Nous partîmes vers 8h45, traversâmes le pont du Wouri pour arriver de l'autre côté de Douala : le quartier de Bonaberi. J'allai demander à Raphaël si des expatriés habitaient de ce côté du fleuve, lorsque nous plongeâmes au cœur de bidonvilles successifs qui répondirent à ma question. La route principale en terre battue est tellement défoncée que le 4x4 y a amplement trouvé son utilité ! De chaque côté de cette route, je pus voir (Raphaël étant absorbé par sa conduite) : échoppes en bois ou en tôle, ben skin, taxis jaunes et des gens partout. Ca grouillait d'hommes, de femmes et d'enfants. Que d'enfants et de bébés ! Tous aussi beaux les uns que les autres. Des familles en habits du dimanche se rendant à la messe. Des petites filles habillées avec une belle robe blanche ou de couleur crème. Des femmes qui pour l'occasion avaient revêtu leur plus joli boubou.  Des hommes qui, eux, avaient enfilé leur costume et leur petite cravate. Un vrai contraste entre la beauté de ces gens endimanchés et la laideur de ces bidonvilles doualaniens. Traverser ces bidonvilles fut un véritable choc pour moi, doublé d'une peur irrépressible à la vue de tout ce monde qui grouillait partout. J'en voulais beaucoup à mon mari, me disais que si on crevait un pneu, je l'étranglerais sur place. C'est fou ce que la peur peut faire germer comme pensées folles ! Puis au bout d'une heure interminable dans ce charmant quartier, au moment où je sentis la crise d'apoplexie se profiler, nous nous retrouvâmes seuls au monde sur une belle route bétonnée, au milieu d'un paysage MA-GNI-FI-QUE. Des palmiers et des bananiers à perte de vue. Moi qui adore les palmiers, c'était à pleurer. Raphaël débuta un vrai cours de sciences, allant de la fabrication du savon, de l'huile de palme, au régime de bananes unique sur le bananier. Lorsque nous passâmes devant les plantations d'hévéas, notre « professeur d'un jour » nous expliqua la fabrication du caoutchouc. Pour les enfants et pour moi-même, je l'avoue, ces explications étaient passionnantes car concrètes. Et ce ne fut pas tout : nous arrivâmes sur une route coupée par la dernière coulée de lave du Mont Cameroun en 2000. Quel spectacle ! : nous dûmes donc contourner la coulée pour emprunter la nouvelle route. Une véritable attraction Disneyland avec la file d'attente en moins ! Et oui, un petit monsieur à l'air bien sympathique vous attend au pied de cette coulée de lave, pour vous permettre de l'escalader, moyennant une somme modique. Sensations fortes garanties au bout de 2mn top chrono (le temps de l'escalade) et après avoir sué …1 grosse goutte ! Non, franchement, ça en vaut vraiment l'détour ! Fiers de tant de découvertes, nous nous rendîmes au Seme New Beach Hôtel, un genre de Club Med un tantinet défraîchi ! Après 2h d'un trajet fort en émotions, nous avions tous bien mérités de nous détendre et de profiter de cette jolie plage volcanique. Nous décidâmes de faire plaisir à nos chérubins en leur louant des karts pendant 1h. Quels enfants gâtés ! Cela dit, par karts, il faut bien évidemment comprendre voitures à pédales déglinguées ! Nous étions à peine assis sur un banc face à la mer que nous entendîmes des cris d'enfant. Dotée d'un 6ème sens et de quasi 8 ans d'expérience, je me levai de mon banc, que dis-je, je bondis et courus  à la rescousse de mon aîné, pris d'assaut par une branche de palmier morte, tombée sur sa tête ! Ouf ! Nous échappâmes pour cette fois à la douloureuse expérience des hôpitaux et nous contentâmes d'une grosse frayeur. Puis, vint l'heure du déjeuner. Nous nous dirigeâmes vers le restaurant de l'hôtel et … allez, je vous le dis, attention, je vais vous faire baver d'envie… nous commandâmes des GAMBAS accompagnées d'un caviar d'aubergines et de bananes plantains ! Quel délice ! A vous faire oublier le décor défraîchi, les jeux rouillés et les 2h de route interminables. Nous rentrâmes après le déjeuner. N'oublions pas qu'au Cameroun la nuit tombe tôt, vers 18h30. Pour des raisons que je ne saurais expliquer, le trajet du retour me sembla plus rapide et je fus moins impressionnée par la traversée de Bonaberi. J'ai simplement repensé aux « oubliés du développement » dont parlait Calixthe Beyala, écrivain d'origine camerounaise, dans son roman Assèze l'Africaine* et dont la première partie se passe à Douala. Les « oubliés » font références à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont quitté leur village ou leur cambrousse pour venir gagner leur croûte en ville. Résultat : des tonnes de bidonvilles au cœur de Douala !    

Assèze l'Africaine de Calixthe Beyala, Albin Michel.

 

 

 

 

 



12/08/2008
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