Expérience africaine

Coincée entre la saison sèche et les prémices de la saison des pluies, la saison des cocktails commence maintenant. Pour un jeune commercial comme moi prêt à découvrir le monde, c'est l'occasion rêvée de mesurer ma popularité. En effet, si je fais partie des « happy few », c'est que je suis quelqu'un qui compte ici. C'est d'ailleurs complètement idiot, d'autant qu'on retrouve toujours les mêmes personnes à ces fameux cocktails. Mais il est important d'y être…

Récemment, j'ai eu l'insigne honneur d'être invité pour le lancement d'une marque de logistique qui appartient à un homme ayant hébergé sur son Yatch notre Hyper Président il y a près de deux ans. J'ai eu ensuite le privilège d'assister au lancement mondial à Douala d'une fameuse marque camerounaise de lubrifiants…. automobiles par une compagnie pétrolière (vous pensiez à autre chose ?). Puis, ce fut un autre cocktail automobile dans les jardins de l'Akwa Palace pour faire la promotion de la formule de location TT pendant les vacances (et oui, Hamza, ici aussi, c'est très prisé mais ce n'était pas pour la marque au chevron mais plutôt pour celle au lion rugissant…). Je ne parlerai pas des deux autres cocktails internes de la Société Géniale qui nous permettent de nous retrouver entre nous… D'ailleurs, avec la piètre image de marque des MDLNÝ+ Banquiers en ce moment, il serait illusoire voir suicidaire de pouvoir faire courir le tout Douala pour se mêler à d'aussi affreux spéculateurs !!!

En revanche, j'ai été profondément mortifié de ne pas avoir été invité au petit gueuleton d'une société nordique à l'Akwa Palace toujours. Fort heureusement pour moi, mon absence a été peu remarquée car beaucoup d'invités n'ont pu y assister, les invitations ayant été égarées en route… C'est dommage car la presse avait fait le déplacement.

C'est surprenant mais, quelque soit le cocktail auquel vous assistez, il y a des règles immuables :

-      Tout d'abord, vous êtes heureux de recevoir le carton d'invitation (voir ci-dessus),

-      Puis, au moment de vous y rendre, vous pestez car vous avez évidemment quelque chose d'important à faire (ranger votre bureau qui en a bien besoin, terminer le dossier en souffrance d'un client, rentrer un peu plus tôt après avoir promis à votre Chère et Tendre de faire un effort pour rentrer avant 20h00, etc),

-      Vous pestez encore une fois car vous n'arrivez pas à vous garer. Finalement, vous arrivez à trouver une place de libre et, rapidement, vous comprenez pourquoi c'était la seule place de libre… Il y avait un énorme trou d'égout que vous n'aviez évidemment pas vu, et vous y engouffrez le pneu avant droit de votre magnifique C4 tout terrain (c'est une litote…)! Dépité, vous faîtes appel à trois ou quatre gars musclés qui n'attendaient que de pouvoir vous aider pour sortir votre C4 moyennant un bon pourboire. Et c'est à ce moment là que vous êtes finalement satisfait de ne pas avoir un 4x4 beaucoup plus lourd qui aurait nécessité une dizaine de gars encore plus musclés !

-      Vous arrivez en retard et en nage. Le buffet est soit déjà complètement vide (en fait, parfois on se demande s'il ne faut pas amener les petits fours soit même), soit il est intouchable avant que les nombreux discours passionnants ne soient terminés.

-      Ensuite, comme vous n'avez aucune mémoire et vous êtes un anti-physionomiste notoire, vous n'arrivez pas à saluer les gens que vous avez déjà rencontrés. En revanche, vous saluez au petit hasard des gens qui ne vous connaissent pas et vous prennent sûrement pour un gentil détraqué !!!

-      Enfin, vous vous sentez obligé de lancer un début de conversation avec des gens que vous ne reconnaissez pas : « il fait chaud, il fait même très chaud », « que reste-t-il du buffet ? », « le cadre est agréable, vous ne trouvez pas? », « oh! ce cocktail ne vaut rien par rapport à celui de l'année dernière », « cela fait longtemps que vous êtes à Douala ? »…

-      Puis après avoir royalement réussi à boire un verre ou deux, et n'avoir jamais rien gagné à la tombola proposée (pour tenter de gagner un bidon d'huile de vidange ou un lubrifiant) vous tentez de vous éclipser. Et là, vous êtes rattrapé par votre hôte qui vous demande si vous partez déjà… Vous ne pouvez évidemment pas lui dire que vous sortez un instant pour fumer une clope (vous ne fumez pas) ou pour remettre une pièce dans le parcmètre (car il n'y en a pas). Alors, c'est reparti pour un tour…

-      Et quand vous rentrez ENFIN à la maison, votre Douce et Tendre vous dit : « mon Chéri, toi au moins tu fais des choses passionnantes ! ».

Malgré tout, chers lecteurs, si vous lisez cette chronique, n'hésitez pas à m'inviter à vos prochaines "sauteries", j'en serai si fier!