Expérience africaine

Expérience africaine

Le mois du blanc (par Raphaël - 19/07/2009)

Quand vous arrivez au Cameroun (et je pense aussi en Afrique en général), on vous parle du fameux mois du blanc, tout en vous faisant un clin d'œil complice et un sourire entendu… Tout d'abord, vous vous dîtes qu'il s'agit de ce que vous aviez connu en Europe, au lendemain des fêtes de fin d'année lorsque les bouteilles de champagne, les guirlandes et autres souvenirs d'agapes fantastiques disparaissent dans les rayons pour donner place aux draps, serviettes et linge de maison… D'ailleurs, n'avez jamais vous trouvé combien il était déprimant de se balader dans un hypermarché le 2 ou 3 janvier, tout à coup vidé de ses hordes de couples surexcités venus engranger tous les mets des réveillons ? Et bien non, au Cameroun, le mois du blanc, ce n'est pas le début de promotions fantastiques dans les rares supermarchés…. Ce n'est pas non plus le lancement de la dernière campagne de publicité de Bonux, Vizir ou Ariel pour laver encore plus blanc que blanc !

Non, en fait le mois du blanc (qui dure d'ailleurs 2 mois) est l'époque étrange où toutes les femmes d'expatriés et leurs enfants ont quitté Douala la douce pendant 8 semaines, tandis que les pauvres maris restent, vaille que vaille, avant de prendre des vacances bien méritées… Quels sont les signes de ce mois du blanc, me direz-vous ? Tout d'abord, chez Casino, vous n'avez jamais croisé autant d'hommes poussant leurs caddies seuls, l'âme en peine. Dès qu'ils se croisent et se reconnaissent dans les rayons, ils se saluent et montrent qu'ils se comprennent, qu'ils sont dans la même galère. On les voit remplir leurs caddies de vin et de champagne, de biscuits apéritifs, de jambon de parme, de crèmes caramel que jamais ils n'auraient osé acheter quand Madame était là… Adieux légumes et fruits, alimentation saine… Bonjour les livraisons de pizzas! Tout cela n'est d'ailleurs pas bien méchant… Les restaurants se remplissent de ces groupes d'hommes qui peuvent enfin en profiter pour parler boulot sans avoir à affronter la moue (doux euphémisme) de leurs épouses légitimes… Ensuite, avec la multiplication des sorties, vous êtes sûr de retrouver vos compagnons d'un soir le les jours suivants : c'est pratique pour reprendre une conversation interrompue. Vous la commencez le mardi au cocktail du 14 juillet au Consulat, pour la reprendre le lendemain au Sénat, puis le surlendemain au Boj avant de la terminer au restaurant indien le jour d'après ! Les vrais célibataires n'en reviennent d'ailleurs pas de vous avoir autant croisé en une semaine de solitude qu'en 10 mois avec votre épouse… Ils se prennent à rêver d'un nouveau copain libre qui pourrait les accompagner toute l'année, tous les soirs… Mais là, ils se bercent de douces illusions évidemment !!! L'homme délaissé par sa femme pendant l'été revient à sa vie d'avant dès que celle-ci rentre au bercail début septembre…

Mais, le mois du blanc, ce n'est pas que ça. C'est aussi une redoutable saison où les hommes seuls sont miraculeusement irrésistibles, où leur pouvoir de séduction n'a jamais été aussi fort. Etonnant me direz-vous ? Et bien non, car les filles savent que la « fenêtre de tir » est étroite, justement parce que l'homme est seul pour quelques semaines, le plus souvent éploré par une épouse au loin. Il faut donc agir vite… et bien. Elles savent se montrer convaincantes. Malgré tout, rassurez-vous car le plus souvent, vous êtes relégué au rang de « porte monnaie sur pattes » lorsque juste après avoir gentiment rejeté les avances explicites et apparemment sincères d'une « petite » et que vous la voyez 10 minutes plus tard embrasser fougueusement le gars à côté de vous !!! Enfin, Mesdames les épouses, on se rassurera aussi en disant qu'il y a beaucoup de « grands diseurs » et encore plus de « petits faiseurs » !!!! Comme le dit mon ami espagnol Alfonso à Bucarest : « perro ladrador, poco mordedor » (plus le chien aboie, moins il mord).

Enfin, rassurez-vous encore une fois Mesdames, vos hommes n'attendent qu'une chose, c'est de pouvoir s'échapper en vacances et de vous retrouver. Il suffit pour cela de les entendre décompter les jours avant le grand départ (hier soir, Bertrand me disait qu'il ne lui restait plus que 6 jours !!!). Mais le plus amusant, c'est lorsque l'avion du soir n'a pu partir et qu'il est reporté sine die… Là, tous ces hommes blêmissent en se disant qu'ils risquent de rester sur place à prolonger ce fameux mois du blanc !!!


19/07/2009
5 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 6 autres membres