Expérience africaine

Ce soir, je réalise que ça fait 4 mois que je suis à Douala et même si je suis bien décidée à y rester 4 ans, je ne cesse de penser à l'après Cameroun. Pays idéal où es-tu ? Où te caches-tu ? Nulle part, malheureusement…Je suis seule ce soir et je m'invente une vie au gré de la musique. Nostalgique, c'est sûr… Sentimentale, c'est indéniable ! J'ai mal car M-ô-A qui suis d'une sensibilité à fleur de peau, sentimentale comme tout Cancer qui se respecte, l'Afrique ça fait mal ! Si la définition du terme « humain » se rapporte à tout l'attrait que l'on éprouve à l'égard  de l'Autre, des autres si différents soient-ils, alors OUI, je suis humaine et j'aime les êtres dans toute leur diversité. Plus l'abîme des cultures est grand, plus ma curiosité s'accroît. Qu'on me dise tout, qu'on m'apprenne tout, tout de cette ignorance qui façonne ma faiblesse face à ces inconnus. Soif d'apprendre, de comprendre ce qui sépare les Hommes au quotidien. Au fond, qu'avons-nous de divergents ? Notre couleur de peau, notre religion, notre manière de vivre, notre éducation, notre économie ? Voilà, j'ai fait le tour de la question. Hormis pour des raisons de cultures et d'économie, comment peut-on concevoir l'Autre comme un Etranger, pour une histoire de peau ou de religion. D'un point de vue purement personnel, la différence de peau fait l'exotisme ; quant à la religion, M-ô-A qui ne crois plus en rien, ça me laisse pantoise ! 

Ce soir j'ai mal. C'est dur de voir ce que l'on voit au quotidien. Même si, et j'en suis convaincue, tout cela forme une grande richesse culturelle, ce n'est pas facile. L'Afrique a tellement de facettes tant positives que négatives, qu'il est difficile de faire la part des choses. Il y a des jours où tout est beau, en passant par toutes les gammes de couleurs de peaux, de tissus, de paysages et des jours où tout n'est que tristesse… Et oui, comme vous le savez depuis l'Europe, l'Afrique c'est la mort au quotidien, les maladies. Ô redoutables maladies auxquelles on pense mais qu'on préfère enfouir dans un coin de sa tête ! Comme ça fait mal de voir les gens perdre régulièrement leurs proches. Quel horreur ! L'une des dernières en date est la sœur de notre nounou du mois d'août qui s'est éteinte le jour de ses 30 ans !!! Depuis, quand on m'annonce un décès, je dégage une froideur feinte pour ne pas défaillir. Et puis, c'est sans compter toutes les infections que les uns et les autres attrapent mais dont l'origine reste inconnue… Certes, on redouble de vigilance quant au lavage des mains mais malgré tout, les bébêtes sont bel et bien là. Et tant qu'elles n'auront pas l'aspect d'un grand dinosaure, on aura une chance sur deux de contracter un virus, aussi vigilants que l'on puisse être. Parfois, j'aimerais bien me réveiller de ce vilain cauchemar, surtout quand on vous annonce qu'une collègue est hospitalisée pour cause de typhoïde, ou qu'une copine a le palu ! C'est dur ! Oui. Désolée pour ceux qui trouvait ce blog sympathique. J'ai très certainement cassé l'ambiance mais je n'ai jamais eu la prétention d'enrober les choses, de les rendre plus douces. Je rends compte de la réalité, de ma réalité telle qu'elle me touche. L'herbe est toujours plus verte ailleurs, ça c'est clair. Ce soir, j'avais besoin de coucher sur papier ce que j'avais sur le cœur depuis longtemps et qui montait crescendo. L'Afrique, ça ne laisse pas indifférent, ça vous marque telle une brûlure au fer, c'est une autre vie et c'est rien de le dire…