Expérience africaine

Vu d'Afrique, l'Hexagone paraît s'enliser dans une ère nouvelle où se côtoient toute une génération de politiciens « bling-bling » et de patrons potentiellement « séquestrables » en cette période de CRISE ! A l'heure du casse-tête européen du recyclage et de l'énergie durable, l'Afrique, elle, offre une seconde jeunesse à nos vieilleries en tout genre.

Et oui, il suffit de regarder les taxis jaunes qui sillonnent les rues de Douala pour comprendre qu'ici, on offre une deuxième vie aux vieilles voitures européennes. Elles sont cabossées de partout, me direz-vous, et bien, ce n'est pas un problème. Et puis, le contrôle technique est obligatoire tous les 3-4 mois ! Incroyable, mais tellement vrai ! Vu l'état de ces épaves ambulantes, on peut aisément imaginer les quelques pièces échangées contre un autocollant en vigueur, à moins que le contrôle technique africain ne consiste en une simple vérification de l'état de fermeture des portières, permettant ainsi aux chauffeurs de taxi tout loisir d'entasser une bonne dizaine de compatriotes dans leurs bolides « teuf-teuf ». Je vais vous faire une confidence : mieux vaut, au jour d'aujourd'hui, être l'heureux propriétaire d'un bon vieux taxi jaune que d'un Ben-Skin flambant neuf, venu tout droit de Chine. Pourquoi ? Et bien, tout simplement, parce qu'à partir de juin prochain, le gouvernement camerounais interdit toute circulation de Ben-Skin dans le centre ville de Douala ! M-ô-A, je m'y étais habituée à ce capharnaüm quotidien de motos, de vieilles carcasses et de piétons… Bien entendu, on vous racontera à ce moment-là, les mécontentements des gens habitués, eux aussi, à être à 4, 5 voire 6 sur une moto ! Fini donc le ballet des Ben-Skin transportant bouteilles de gaz, canapé, autre Ben-Skin, enfin tout ce qui est « transportable » sur une moto !!!!  

Je ne ferai pas aujourd'hui le listing de tous les objets et appareils de la technologie moderne qui reprennent vie en Afrique, mais vous laisserai y réfléchir seuls et à tête reposée, car cela prendra du temps…

Douala est aussi un port où s'échouent régulièrement les vieilles épaves de la gent masculine décadente venue s'offrir une deuxième voire une troisième jeunesse ! Ce week-end, en sortant à La Cigale (restaurant/café-concerts) avec nos amis libanais Léa et Elie, j'ai pu assister à un spectacle « extra » ordinaire, à la limite du surréalisme. Nous dînions tranquillement en écoutant un groupe de musiciens très sympa du reste, lorsqu'arriva une espèce de Gainsbourg sur le retour. En fait, pour être plus précise, il s'agissait d'un condensé de Serge et de Johnny, sans âge… enfin si, mais plutôt dans une tranche où l'on ne se retourne plus d'ailleurs. Les filles, quand Mick Jagger s'étale sur les pages des magazines branchés au bras de sa poupée russe, ça ne vous fait pas bondir et M-ô-A non plus. Après tout, c'est Mick tout de même ! Idem pour notre Johnny national lorsqu'il a épousé sa Laetitia. Et vous imaginez Bruel dans vingt ans quand il épousera une jeunette de 18 ans, ça ne choquera pas non plus. Je serai juste projetée quelques années en arrière, j'aurai 15 ans, me reverrai crier « Patriiiiiiiiiiick » et fredonner « Casser la voi-aaaaaaaaaaa-x ». Jusque là, vous me suivez. Très bien, alors je vais pouvoir continuer mon récit et développer ma pensée. Je fus stupéfaite en voyant arriver ce Gainsbourg sans âge, d'une pâleur cadavérique, au bras d'une Jane version black&blonde&bas résille. Son petit déhanchement au rythme de la musique, les bras tendus, claquant des doigts en grand connaisseur, me fit sourire et frémir à la fois. J'ai vraiment cru qu'il allait s'asseoir à côté de sa chaise ! Un vrai look de star : pantalon en cuir, santiags, chemise bleue (et non, pas en jean !) classique avec boutons de manchette. Je me délectais de ce spectacle hors du commun. Après avoir installé sa belle « plante » à sa gauche, il put siroter sa bouteille de vin rouge (Jane ne buvant pas !) et piquer les « frites de pommes » de sa dulcinée. 22h30, c'est pas une heure pour souper quand on n'a plus vingt ans, non plus ! Papi Serge, voyant les regards de la salle tournés vers lui, s'en donna à cœur joie : debout (si, si, je vous assure !) il applaudissait les artistes… enfin, paraissait lutter contre Alzheimer, en tentant de synchroniser ses mains tremblotantes !!!

L'Afrique, vous l'aurez compris, est un haut lieu du Recyclage en tout genre, des vieilles bagnoles aux Messieurs « HAS BEEN »... de quoi, d'ailleurs ?! Probablement du Camping **** de Palavas-Les-Flots dans les années 50…